Chouette, c’est le printemps aujourd’hui ! Bientôt des fleurs, une météo plus clémente… et des chenilles processionnaires.
Avant tout, une chose me paraît importante à préciser ; une affirmation courante et totalement fausse que je voudrais écarter tout de suite : non, les chats ne connaissent pas de manière innée tous les risques de la nature. Ils se font bel et bien mordre par des serpents, essaient d’attraper des guêpes, peuvent s’empoisonner avec certaines plantes, et pour le sujet qui nous concerne ici… ils n’ont pas peur des chenilles. Au contraire même, une petite chose lente qui se déplace en rampant a plutôt tendance à constituer un jouet totalement génial… du point de vue d’un chat tout du moins.
Deuxième petite précision, certains d’entre vous se diront peut-être : « Nous, ça ne nous concerne pas trop, on est en ville… ». Oui, mais non. A moins que vous habitiez dans une ville sans verdure, sans arbres - et à plusieurs kilomètres à la ronde car les substances urticantes se transportent facilement avec le vent – il est toujours possible que votre animal tombe sur une chenille, même en ville. Et quelques-uns de ses poils suffiront alors à lui poser de gros problèmes.
Je parle ici des chats, mais tous les animaux susceptibles de sortir peuvent être confrontés à ce risque et même autant qu’eux, les enfants. Après tout, une chenille, c’est tellement étrange. Personnellement, je n’ai jamais eu envie d’y toucher, mais pour beaucoup d’enfants, c’est tentant…
Maintenant que ces points ont été clarifiés, si vous êtes toujours là, nous pouvons parler des chenilles et du risque qu’elles représentent !
Des chenilles, je vois ce que c’est, mais qu’ont-elles de si particulier, celles-là ?
Les chenilles processionnaires sont appelées ainsi, car à leur stade larvaire, elles se déplacent en processions, aveugles et collées les unes aux autres en file indienne, pour rejoindre un coin ensoleillé où elles iront s’enterrer en attendant leur transformation et éclosion en un joli papillon… enfin ici en gros papillons de nuit. On peut donc en voir entre février et mai, bien que suivant les années et la douceur de l’hiver, on puisse en trouver au-delà de ces mois. Elles descendent des arbres, de pins le plus souvent, et elles progressent au sol, endroit où l’on risque alors de les rencontrer. Dans les zones où elles sont présentes, on peut voir des sortes de gros cocons blancs dans les arbres, facilement reconnaissables.
C'est un danger sérieux ?
On parle tout le temps du danger qu’elles représentent, mais finalement, pourquoi faut-il prendre tout cela au sérieux ?
Les chenilles sont recouvertes sur certaines parties de l’abdomen par des poils urticants. Ce ne sont pas les longs poils doux qu’on peut distinguer à l’œil nu, mais des poils beaucoup plus courts, qui, en se détachant, vont libérer des substances irritantes et allergènes. Ces poils se détachent dans le nid, se propagent avec le vent et dans les zones où les chenilles se déplacent, et ce en particulier lorsqu’elles sont soumises au stress. Inutile de vous le préciser, mais un coup de patte de chat ou un gros museau de chien qui approche sont une source de stress pour une chenille.
On peut alors se dire, irritant et allergène, ça fait tousser et on risque des petits boutons d’allergie. Mais ce n’est pas si simple.
Lorsque ces poils sont en contact avec une partie du corps, cela revient à des centaines de petites piqûres à l’endroit touché, mais qui vont en plus pouvoir se propager dans toutes les zones en contact avec la région irritée. Ainsi par exemple, un chat qui met une patte sur une chenille, en sentant l’irritation et la douleur, va se lécher, les substances urticantes vont se répandre dans sa bouche et sur ses babines, potentiellement dans son système respiratoire, ainsi que dans toutes les zones qu’il lèchera par la suite. D’où l’intérêt de prendre les choses au sérieux, même s’il n’a fait que toucher du bout de la patte l’une de ces petites bêtes.
De plus, les substances allergènes se déplacent dans l’air et se déposent sur la végétation aux alentours. Donc un contact direct avec la chenille n’est même pas nécessaire pour que votre chat soit atteint ! Les yeux peuvent alors être facilement irrités à leur tour.
Comment voir si mon chat a été en contact avec ces substances ?
Pour pouvoir agir, il faut pouvoir se rendre compte que c’est arrivé et donc reconnaître les symptômes.
Le chat va avoir tendance à se lécher frénétiquement au même endroit, à se frotter le museau si les poils s’y sont répandus et à baver lorsqu’il en a dans la gueule.
Le chat pourrait aussi se plaindre par de petits miaulements, mais l’on sait bien que les chats ont tendance à manifester leur souffrance quand celle-ci a atteint des seuils bien trop importants donc ce n’est pas vraiment le premier critère à détecter. S’il se plaint, alors oui, c’est qu’il souffre énormément, mais sûrement y avait-il avant d’autres signes pour nous alarmer.
A un stade avancé, s’il en a ingéré, le chat peut avoir des vomissements et de grosses difficultés respiratoires, pouvant entraîner sa mort si rien n’est fait.
Outre les problèmes respiratoires, les irritations provoquées sur la langue peuvent entraîner la nécrose des tissus infectés. Dans ce cas, une amputation d’une partie de la langue pourra être envisagée par le vétérinaire, pour éviter la perte totale de la langue, signifiant le décès de l’animal, qui ne pourrait alors plus se nourrir.
De sombres destins, qui peuvent souvent être évités en agissant à temps !
Que faire si mon chat a été en contact avec ces bestioles ?
Tout d’abord, quoi que vous fassiez pour aider votre animal, mettez auparavant des gants pour éviter d’être exposé vous-même et pensez alors que tout ce que vous toucherez à partir de ce moment viendra potentiellement répandre davantage les substances urticantes.
Certains conseillent de laver à l’eau courante la partie qui a été en contact avec la chenille pour en faire partir la majorité, mais cela ne va de toute façon pas tout supprimer. Et surtout, vous ne savez pas si votre chat ne s’était pas déjà léché quand vous l’avez découvert.
En outre, en cas d’ingestion, ce lavage est beaucoup plus discutable, car vous risquez de faire avaler à votre chat ces substances toxiques.
Donc pour résumer, un seul et unique conseil : l’amener immédiatement chez le vétérinaire, et ce en urgence ! Pas en fin de journée ou le lendemain après avoir pris rendez-vous. Il n’y a pas d’antidote directement efficace qui sauvera votre chat en 1 minute, donc plus vous tardez, plus le vétérinaire aura du mal à contrer les effets toxiques. Il pourra administrer à votre chat des anti-douleurs, anti-inflammatoires, anti-histaminiques, antibiotiques, et tout ce qu’il estimera nécessaire, y compris pratiquer une chirurgie en cas d’apparition de nécrose.
Ne vous posez pas des questions irrationnelles et ô combien inutiles comme « Est-ce que c’est assez grave pour perdre du temps chez le véto ? », « Est-ce que j’attends quelques heures pour voir si mon chat va mieux ? ». Oubliez totalement l'idée à ce moment de demander conseil sur les réseaux sociaux ; il n'est plus temps. Foncez !
Sachez qu’en contact avec certaines zones, en cas d’ingestion en particulier, quelques heures suffiront pour tuer votre animal.
Alors, oui, si vous attendez quelques heures pour voir, vous le saurez implacablement : votre chat sera en vie… ou non.
Cela paraît abrupt, mais cela semble si simple de faire un aller-retour chez le vétérinaire compte tenu des enjeux : vous assurer que la vie de votre petit compagnon n’est pas menacée.
Si vous tenez à lui, et je n’en doute pas si vous prenez le temps de lire ce type d’article, vous serez réactif. Tous les vétérinaires savent très bien que ce peut être très dangereux et ne vous demanderont pas un rendez-vous pour venir ; il y a toutes les chances qu’il s’agisse réellement d’une situation d’urgence.
Etant régulièrement amenée à consulter des vétérinaires pour mes vieux chats, j’étais l’autre jour dans la salle d’attente d’un cabinet vétérinaire. Une personne avait amené son chien qui bavait, avait apparemment pris une chenille dans la gueule, et l’avait peut-être même avalée. Le vétérinaire a tout de suite pris en charge ce chien pour tenter de le sauver ; mais quand le vétérinaire a demandé au propriétaire quand c’était arrivé, la personne lui a répondu : « il y a environ 2h… » ; les propriétaires ne pensaient pas que c’était si urgent que cela. Le vétérinaire est parti avec le chien faire son possible mais il s’est montré très pessimiste. Je ne sais pas si ce chien s’en est finalement sorti ; je l’espère sincèrement, mais il aurait eu plus de chances de son côté si son propriétaire avait été mieux informé…
Bien sûr, il est évident que lorsque l’on n’est pas présent quand cela arrive, on ne peut pas réaliser l’impossible. Mais l’objectif est ici seulement de se dire que lorsqu’on est là, qu’on a la chance de pouvoir agir, alors on n’a pas à tergiverser pour des raisons douteuses. Si votre enfant avait eu ce genre de problème, vous ne vous seriez certainement pas posé la question de savoir si vous alliez déranger les médecins urgentistes, s’ils allaient considérer cela comme une urgence ou si vous risquiez de perdre du temps dans le cas où, éventuellement ce n’était pas si grave. Vous auriez pris votre enfant par un bras et vous vous seriez mis en route immédiatement.
Vous aimez votre chat ? Alors en toute logique, faites comme pour un enfant !
Ne peut-on rien faire en amont pour éviter ces rencontres ?
On n’est pas toujours en train de scruter les moindres faits et gestes de son chat, donc il est parfois difficile de voir dans l’instant ce qui est arrivé. Le mieux serait donc de pouvoir éviter que votre chat tombe sur ces redoutables larves.
Si vous découvrez la présence d’une grande quantité de ces chenilles ou apercevez des cocons dans un pin près de chez vous, n’hésitez pas à prévenir la mairie. Certaines villes ont mis en place des dispositifs concernant ce problème. Si ce n’est pas le cas, différents professionnels peuvent être contactés.
Enfin, il existe des méthodes plus ou moins naturelles pour empêcher en amont la prolifération de ces chenilles. On peut citer l’utilisation d’insecticides biologiques ou chimiques, plus ponctuellement, le brûlage des branches en début d’infestation, ou encore l’installation dans les arbres de pièges : certains sont dirigés contre cette espèce de chenille uniquement en stade processionnaire, comme l’Eco-piège, d'autres agissent sur les papillons mâles adultes, comme le piège à phéromones.
Enfin, pour ceux qui ont un jardin et des chats pas trop chasseurs, installer des nichoirs à mésange semble une solution plutôt agréable : ces oiseaux sont des prédateurs naturels des chenilles processionnaires !
Conclusion
Dans cet article, j’insiste, certes lourdement, sur la nécessité de prendre au sérieux tout contact avec une chenille, mais ainsi, si cela arrive à l’un de vos animaux (j’espère que ce ne sera jamais le cas), vous entendrez peut-être ma petite voix « Non, n’hésite pas ; agis maintenant et tu pourras peut-être sauver la vie de ton chat ! »
J’ajoute que je ne suis sponsorisée par aucun cabinet vétérinaire ; je vous encourage fortement à aller consulter votre vétérinaire dans ce cas-ci. Car pour certaines choses, il est possible de prendre soin de son animal et d’agir soi-même avec une bonne connaissance des chats : notamment pour modifier certains traits problématiques de son comportement - dont je parlerai sûrement dans de prochains articles - ou pour soigner quelques égratignures. Mais le cas d’un contact avec des chenilles n’en fait absolument pas partie : il faut un avis vétérinaire, les soins qui vont avec, et c’est tout.
Sur ce, j’espère que cet article vous aura été utile. N’hésitez pas à partager cette information avec tous ceux qui ont des animaux. Plus on pourra empêcher d’accidents de ce type, mieux ce sera !
Merci à vous très chers lectrices, lecteurs et amis des chats. Portez-vous bien et longues vie à tous vos 4 pattes !